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BIPOLAIRES 64/40

Troubles bipolaires: un long calvaire avant le diagnostic !

 

Paris, 30 mars 2016 - "J'ai traversé des dizaines d'années de souffrance. J'ai consulté dix, peut-être même quinze psychiatres. On me soignait pour dépression sévère mais les antidépresseurs étaient totalement inutiles." Et pour cause. Annie Labbé souffre de troubles bipolaires, une maladie trop souvent mal diagnostiquée.

"J'ai 63 ans et je suis probablement bipolaire depuis l'âge de 9 ans", raconte-t-elle. "Cela m'a empêché de faire de grandes études alors que j'étais une très bonne élève. J'avais un problème d'attention, je paniquais au moment des examens", dit-elle. 

Autrefois appelés "psychose maniaco-dépressive", ces troubles mentaux se caractérisent par une alternance de phases dépressives et de phases d'exaltation dites "maniaques" où le malade ressent une énergie excessive au point de se priver parfois de sommeil ou de mener des projets titanesques jusqu'à épuisement.

 

"L'exaltation, c'est le feu qui inexorablement amène aux cendres, la dépression", résume Annie Labbé, qui a fondé en 2001 l'association Argos, autant pour se soigner que pour aider d'autres malades. 

Mercredi, à l'occasion de la journée mondiale des troubles bipolaires, elle entend sensibiliser le grand public à cette maladie grave classée parmi les 10 pathologies les plus invalidantes par l'Organisation mondiale de la santé, "pour qu'on cesse de stigmatiser les malades".

 

Environ 2% de la population sont touchés par les troubles bipolaires en Europe. En France, sur les quelque 1,3 million de personnes atteintes, 25% ont fait des tentatives de suicides (fatales dans 15% des cas), selon la Fondation scientifique FondaMental. 

"Ils affectent autant les femmes que les hommes et apparaissent à un moment crucial de la vie, en majorité entre 15 et 25 ans", explique Marion Leboyer, présidente de FondaMental, qui a ouvert des "centres experts" pour favoriser le diagnostic précoce.  

"Il faut en moyenne dix ans pour que le diagnostic soit posé", déplore-t-elle. Car la maladie est complexe. 

"Les troubles bipolaires sont dus à un terrain génétique en interaction avec des facteurs environnementaux", résume Mme Leboyer. "La difficulté est qu'il n'y a pas un seul facteur majeur mais il y plein de petits facteurs génétiques qui interagissent avec une série de facteurs environnementaux qui surviennent à différentes périodes de la vie: prénatale, enfance, âge adulte". 

Parmi les facteurs environnementaux, les stress sévères comme les traumatismes graves pendant l'enfance (mort d'un parent, abandon, viol, inceste, etc.), certaines carences alimentaires, des troubles du sommeil ou des infections précoces (grippe pendant la période prénatale). 

Autre difficulté: les phases maniaques se manifestent parfois bien longtemps après des phases dépressives. 

"Petite, je manifestais beaucoup de mélancolie, beaucoup moins d'exaltation", confirme Anne Labbé. 

- 'Pas une condamnation à mort' - 

"En l'absence d'antécédents familiaux, tant qu'il n'y a pas eu de phase maniaque, il est difficile pour un médecin de poser le diagnostic d'autant que cette maladie est encore mal connue de beaucoup de soignants", note Sébastien Guillaume, professeur psychiatre à l'hôpital de Montpellier. 

Dans le cas de troubles où les phases d'excitation sont atténuées, le médecin "peut facilement passer à côté", poursuit-il. 

Au centre expert de Montpellier, les malades potentiels sont ainsi soumis à une batterie de tests pendant 48 heures pour établir un diagnostic. 

Dans un cabinet de médecine générale où les patients défilent toutes les 20 minutes, il est impossible de procéder à un examen approfondi, observe le psychiatre. 

Pourtant, une fois diagnostiqués, les troubles bipolaires peuvent être soignés.  

"On ne guérit pas, mais on se soigne. C'est une maladie avec laquelle on peut vivre, travailler, fonder une famille", insiste le Pr Guillaume. "Etre diagnostiqué bipolaire n'est pas une condamnation à mort, surtout si la prise en charge est précoce, avant que les épisodes dépressifs ou maniaques ruinent la vie quotidienne.

Le traitement repose sur trois piliers: des thymorégulateurs (médicaments régulant l'humeur) à vie, une psychothérapie adaptée et une bonne hygiène de vie pour pallier les risques associés à cette maladie comme l'obésité, le diabète ou l'hypertension. 

Car "la première cause de mortalité d'un bipolaire n'est pas le suicide mais les maladies cardio-vasculaires", conclut le professeur Guillaume. 

 

L’express 30/03/2016



10/07/2017
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