Lors d'une visite du 8 au 15 janvier au pôle psychiatrie du centre hospitalier universitaire, les contrôleurs ont notamment constaté la présence aux urgences générales de vingt patients relevant de la psychiatrie en attente de place. Treize étaient parqués sur des brancards dans les couloirs. Sept d'entre eux, sans signe d'agitation ni de véhémence, étant attachés au niveau des pieds et d'une ou deux mains, explique le rapport. Deux étaient en soins libres, les autres en soins sans consentement. Ces sept personnes patientaient aux urgences depuis quinze heures à... sept jours. Sans pouvoir se laver, se changer , avoir accès à leur téléphone, ni bénéficier d'aucune confidentialité lors des entretiens et traitements.
Pratiques « illégales et abusives »
Cela fait plus de cinq ans que les patients arrivant aux urgences générales « peinent à être hospitalisés en psychiatrie ou aux urgences psychiatriques », souligne le rapport du CGLPL. Et la situation s'est aggravée depuis octobre 2017. Ce « dysfonctionnement majeur » aux urgences générales « nécessite de mettre immédiatement un terme aux traitements indignes observés », insiste le rapport. Plus globalement dans le pôle psychiatrie, les contrôleurs ont observé une pratique générale de mesures d' isolement (enfermement) et de contention « ne répondant pas aux exigences législatives et réglementaires ». Ces pratiques « illégales et abusives doivent cesser immédiatement », s'insurge Adeline Hazan.
Les contrôleurs ont également noté un défaut d' explication de leurs droits aux patients hospitalisés en psychiatrie. Ces constats ont suscité « une prise en compte forte » de la communauté médicale et soignante et un courrier du directeur de l'hôpital au CGLPL, le 23 janvier, « témoigne d'une réelle volonté de changement », relève le rapport. Néanmoins, la gravité et le caractère structurel de ces manquements « ne permettent pas de laisser l'établissement seul face à ses difficultés ».
Adeline Hazan recommande donc « de faire cesser immédiatement ces atteintes aux droits », notamment au sein de l'accueil aux urgences, d'instaurer une « réflexion institutionnelle » sur les pratiques de contention et d'isolement ou encore de mettre en œuvre des moyens garantissant des hospitalisations adaptées.
in LE POINT 01032018