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BIPOLAIRES 64/40

Conférence du Professeur Michel BOURIN, université de Nantes février 2014

Ce compte-rendu est issu d'une conférence proposée le 06 février 2014 par le Professeur Michel BOURIN, psychiatre et professeur en pharmacologie à l'Université de NANTES (44). En coopération avec BIPOLES 44 (association d'aide aux personnes atteintes de troubles bipolaires et à leur entourage.)

 

"TROUBLES BIPOLAIRES, EFFET DE MODE OU VRAIE MALADIE"

 

Définitions : des émotions, du spectre bipolaire, énumération des idées reçues,

modes d'expression: place des comorbidités / formes de dépressions / défaut d'énergie à répétition / 8 à 10 ans pour un diagnostic = l'iceberg des troubles bipolaires= 1% pour TBP I et environ 8% pour les TBP II / 

 

Déclinaison des troubles de l'humeur:

fureur maniaque / manie délirante (d'où notion de psychose mais toutes les manies ne sont pas délirantes, psychotiques)/ hypomanie / hyperthymie / psychasthénie / dysthymie / dépression / mélancolie sans symptômes psychotiques / mélancolie stuporeuse (disparue).

 

Les TBP II conjuguent une hypomanie et dysthymie. (dépression pas très intense mais personnes irritables)

 

Les deux principaux types de TBP:

TBP I : un épisode dépressif et au moins un épisode maniaque.

TBP II: plus difficiles à diagnostiquer. Un épisode dépressif et plusieurs épisodes hypomaniaques spontanés. Grande activité en dehors des phases dépressives.

  

Définition des états dépressifs

dépressions unipolaires et bipolaires (moins de tristesse, souvent agitée, moins de perte du plaisir (anhédonie)

La dysthymie, situation pas continue. Pendant un jour ou deux pendant deux ans.

 

Les épisodes maniaques / hypomaniaques -> symptômes= idées de grandeur, réduction du besoin de sommeil, grande communicabilité.

épisodes maniaques: fuite des idées, augmentation de l'activité, agitation motrice, engagement excessif pour des activités agréables

épisodes hypomaniaques: idem dans une période nettement délimitée (au moins 4/5 jours.)

Pourquoi rechercher à ce point les symptômes hypomaniaques ? (avec nécessité d'interroger l'entourage pour évaluer les symptômes de manière neutre). 

L'hypomanie se divise en côté soleil et côté sombre

Côté soleil: moins d'heures de sommeil, plus d'énergie et de résistance, plus de confiance en soi, plus de motivation au travail, plus d'activités sociales, d'activités physiques, plus de projets et d'idées créatives, plus bavard, plus de rires et de jeux de mots, pensée plus rapide, exagérément optimiste et euphorique.

Côté sombre: plus de voyages, d'imprudences au volant, dépenses d'argent excessives, plus d'impatience et d'irritabilité, attention plus souvent et facilement distraite, augmentation des pulsions sexuelles, augmentation de la consommation d'alcool, de nicotine, de café.

 

Les événements explicatifs:

ex: les événements de dépression unipolaire se transformant en dépression bipolaire. KRAEPELIN (1907) relevait déjà la difficulté de distinguer les formes légères des traits morbides de la personnalité. Il avait déjà bien fait la part des choses entre l'anxiété et les troubles de l'humeur. 

 

On cite la photo de Georges W Bush maniant des jumelles sans avoir retiré les caches: bien souvent on s'empêche de poser un bon diagnostic de TBP car on oublie d'enlever le cache des paires de jumelles.

 

Conséquences:

- Les TBP sont un vrai problème de santé publique. Parfois, il faut mettre en place une sauvegarde de justice, une mesure de curatelle ou de tutelle par le biais d'un signalement au Procureur de la République.

- L'alcoolisation constitue 30% des conduites addictives.

- 50% des bipolaires font une Tentative de suicide; 17 à 20 % la réussissent. Les idées suicidaires font donc partie intégrante de la maladie.

- On peut être conduit à mettre en place des hospitalisations sous contraintes, en  phase maniaque ou hypomaniaque.

- En épisodes judiciaires, on relève un taux de divorce X 4, et des procédures délictuelles (petits vols ou plus grave).

- épisodes au travail: chômage, RSA (499 €), AAH (790 € maxi), invalidité, difficulté au travail, échec scolaire chez l'enfant.

 

Les antidépresseurs chez les bipolaires:

Ils sont déconseillés sur plus de trois semaines. A utiliser avec parcimonie. Attention au swich: conduit à l'hypomanie. Par exemple: PROZAC peu ou pas adapté.

 

Les masques trompeurs de la bipolarité:

toxicomanie et alcoolisme : en cas d'échecs réguliers dans les cures de sevrages.

troubles anxieux, dépression, troubles du comportement, boulimie et/ou anorexie, etc...

 

Il convient impérativement de distinguer les TBP de la personnalité et du comportement du sujet. D'ABORD STABILISER L'HUMEUR.

 

Que doit on rechercher ?

date du début du trouble: très souvent dès l'âge de 6/7 ans, à l'époque de la socialisation, avec une résurgence vers 15/16 ans.

30% des enfants déprimés évoluent vers un trouble bipolaire.

Rechercher les troubles thymiques chez les déprimés, les TBP, les troubles du comportement, les TS, l'alcoolisation.  

 

TBP et Génétique:

On connaît mal la génétique chez le bipolaire II. Elle serait proche de la génétique chez le bipolaire I.

50% des BP I ont au moins un parent avec troubles de l'humeur. Risque identique pour BP II.

Si un parent est BP, son enfant risque à 25 % d'en avoir un.

Il existe trois ou quatre chromosomes touchés et près de 50 gènes porteurs. MAIS: les gênes peuvent être touchés sans avoir la maladie, si l'on est en présence d'un gêne répresseur qui empêche l'expression de la maladie.

88 % des dépressions sont retrouvées chez les parents présentant un TBP II.

 

Il existe risque de BP I de 10 % par rapport à la population générale.

On distingue les facteurs biologiques (sous tendus par une vulnérabilité) des facteurs environnementaux.

notion d'épigénétique. Pas de maladie mais on peut avoir une modification de l'ADN. Expliquerait que certains malades aient pu être diagnostiqués que tardivement.

Chez les jumeaux, on distingue les faux (dizygotes) avec 13 % de risque (exactement comme si on a un parent BP) et chez le monozygote : 69 %.

Le TBP peut s'exprimer différemment selon la personnalité, ce qui ne veut pas dire que le sujet ne souffre pas.

Il ne faut pas traiter le spectre BP mais les sujets eux-mêmes qui souffrent. Il y a beaucoup de BP mais il ne faut pas traiter tout le monde. Compte tenu du nombre de facteurs qui sont constatés.

 

Est-ce plutôt un défaut d'amortisseur, une perception d'émotions trop forte ou un trop plein d'émotions? Plutôt un défaut d'amortisseurs.

C'est à dire qu'il existe des gens qui sont plus ou moins adaptés à négocier les bosses et les replis de la vie.

 

La Pharmacothérapie:

- Les antidépresseurs (très peu, à ne pas recommander)

- le Lithium

- les anticonvulsivants (valproate, carbamazepine, oxcarbazepine, lamotrigine)

- les antipsychotiques atypiques (clozapine, olanzapine, quetiapine, aripiprazole)

 

On résumera en disant qu'il existe des amortisseurs (les normaux thymiques classiques) auxquels on peut ajouter de la "graisse" pour les aménager (avec des antipsychotiques).

 

Les psychothérapies:

Elles ne constituent pas le traitement principal. Elles ne sont pas suffisantes. Il faut une pharmacothérapie de base.

On distingue la psychoéducation, la thérapie familiale, la thérapie de soutien, et la prise de conscience.

 

Le patient et son entourage :

pour:

- une meilleure connaissance du trouble,

- faciliter l'acceptation du TBP et éviter le déni,

- établir et maintenir une alliance thérapeutique,

- reconnaître les signes précurseurs (voir la psychoéducation),

- repérer les facteurs déclenchants et agir dessus,

- limiter les conséquences du TBP (personnelles, familiales, et socio-professionnelles)

- gérer sa vie en fonction de sa maladie. 

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Marc BONNIN, webmaster 

 

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CLIQUEZ SUR CE LIEN POUR DIFFUSER LA CONFERENCE TOUTE ENTIERE (58 minutes):

 

conférence du pr Michel BOURIN 

 

 



05/02/2017
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