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BIPOLAIRES 64/40

CONFERENCE DU 07 MAI 2014 DU Dr P.GIRARDET

COMPTE RENDU DE LA CONFERENCE-DEBAT

DU MERCREDI 07 MAI 2014 – 20 H 00

DOCTEUR PIERRE GIRARDET

 

 

Avec une affluence plus qu'encourageante, nous avons donc reçu le Docteur Pierre GIRARDET, lequel a vivement intéressé le public pendant plus de deux heures !

 

Dans un premier temps, le conférencier fit une présentation générale de la pathologie, en procédant au moyen d'exemples précis et concrets. D'abord, en proposant un bref rappel historique de la maladie. Dans un second temps, en présentant les phases de dépression, suivi des différentes sortes de phases maniaques. Enfin, et avant de répondre aux nombreuses questions du public, furent abordés les traitements thérapeuthiques.

 

Le docteur Girardet a insisté vivement sur le rôle très important de la psycho-éducation, favorisant grandement les résultats de la prise en charge de la maladie. Pendant des années, les psychiatres et généralistes s'abstenaient de responsabiliser les patients alors que, quand ils s'approprient la maladie, ils mettent toutes les chances de leur côté.

 

Historiquement, on parlait initialement de « folie circulaire » (18 ème siècle). Puis, au début du 20ème siècle, est apparue l'expression de « psychose maniaco-dépressive ». La PMD était définie par des alternances d'épisodes maniaques et épisodes mélancoliques. On parlait de psychose pour différencier la PMD de la cyclothymie (il n'y avait alors pas de perte de contact avec la réalité). Mais le terme de psychose était assez exclusif de sorte que peu de gens étaient concernés. Aujourd'hui, le spectre est beaucoup plus large : on parle désormais de trouble bipolaires, avec ou sans symptomes psychotiques de sorte que le champs de cette maladie est beaucoup plus large.

 

On définit les TBP (troubles bipolaires) comme une alternance d'un trouble de l'humeur avec excitation puis euphorie. On distingue les TBP de type I dans lesquels on trouve des épisodes maniaques graves et des phases dépressives atténuées. Puis les TBP de type II où se développent des dépressions très graves avec des épisodes maniaques plus faibles, et enfin les TBP de type III où se retrouvent les deux sortes d'épisodes, les deux induits par les thérapeutiques.

 

Définition des épisodes dépressifs : on voit s'exprimer de la tristesse, des troubles du sommeil, de l'appétit, voire avec une volonté d'en finir avec la vie. Le stade ultime le pire est l'épisode mélancolique. (La forme la plus grave de la dépression). Dans ce dernier cas de figure, on trouve des idées d'indignité, de culpabilité, l'apparition d'idées noires, morbides voire des poursuites jusqu'au suicide. Il est donc fondamental de questionner, d'aller vers le patient, en demandant si il/elle a des idées noires. Il ne faut pas faire l'impasse la-dessus. Il est très utile que le patient s'exprime spontanément. D'où l'utilité d'être informé, de s'informer, par la psycho-éducation, les groupes de parole.

Les phases maniaques : c'est une euphorie. On distingue deux directions : le caractère mégalomaniaque (parler très vite, être excentrique, comportement déshinibé, sortir très tard le soir, effectuer des dépenses excessives aux conséquences parfois dramatiques pouvant conduire les soignants à mettre en place une procédure de sauvegarde de justice, voire une curatelle ou une tutelle.) Les dépenses constituent pour les psychiatres un repère assez fiable. Dans un second cas de figure, on parle de patient caustique allant jusqu'à la manie furieuse. Elle conduit alors vers une hospitalisation sans consentement, (l'hospitalisation d'office (HO) ou à la demande d'un tiers) (HDT).

Le DSM-IV parle de la réunion d'au moins trois des symptômes suivants qui persistent pendant au moins une semaine :

  • augmentation de l'estime de soi ou idées de grandeur,

  • réduction du besoin de sommeil,

  • désir de parler constamment,

  • fuite des idées,

  • distractibilité,

  • augmentation de l'activité orientée vers un but social, professionnel, scolaire ou sexuel,

  • achats inconsidérés, conduites sexuelles inconséquentes.

 

La pire des situations rencontrée est le cas de patients maniaques sévères puis mélancoliques.

 

Enfin, il convient de mentionner le cas des épisodes hypomaniaques. L'hypomanie se manifeste par une vague de symptômes d'allure maniaque, mais à un degré moindre, persistant pendant au moins quatre jours. Les pensées sont accélérées et les personnes deviennent beaucoup plus facilement irritables. Certains patients éprouvent un regain d'importance ou ressentent une augmentation d'énergie et un moindre besoin de sommeil. Mais au cours de ces périodes hypomaniaques, les patients rapporteront souvent se sentir dispersés, improductifs, tracassés par l'impression troublante de ne plus être eux-mêmes.

Les hypomanies ne sont pas considérées comme des maladies. On cite comme exemples célèbres des personnalités comme Messieurs Jacques Chirac ou encore Nicolas Sarkozy.

 

Les explications :

 

On sait qu'il y a une composante génétique. Mais c'est sur le plan chimique que c'est le plus intéressant : il est connu que la communication entre les milliards de neurones s'effectue par une cascade chimique de neuromédiateurs, la noradrénaline et la sérotonine, lesquels, (ce que l'on sait depuis peu), sont réunis dans une vacuole qui libère ces neurotransmetteurs d'un neurone à l'autre. La difficulté se trouverait dans l'ouverture plus ou moins bonne de la membrane de cette vacuole. Quand ces passages se passent mal, on a ces troubles de l'humeur. L'anomalie génétique porterait donc sur cette vacuole.

 

Le cas du lithium est très intéressant car il vient mimer le sodium intervenant dans la transmission des neuro-médiateurs. Il vient remplacer en quelques sorte le sodium. Découvert en 1954, il ne concerne, en efficacité, qu'environ 60 % des patients pour guérir la récurrence de la maladie. Il reste très performant. Sa particularité est que sa dose thérapeutique est très proche de sa dose d'intoxication. La dose thérapeutique efficace est comprise entre 0,8 et 1,2 mg. En deça, il ne sert à rien, au delà, il devient toxique voire dangereux. Bien dosé, il présente peu d'effets secondaires.

 

Les traitements :

 

Avant d'aborder les traitements médicateux, le Docteur GIRARDET insiste particulièrement sur la réunion de trois conditions suivantes pour offrir une prise en charge satisfaisante :

  • une hygiène de vie satisfaisante

  • une bonne information (psycho-éducation, rôle des associations, etc...)

  • les médicaments

 

Pour traiter les patients atteints de troubles bipolaires, on distingue aujourd'hui trois classes de médicaments :

 

Les thymorégulateurs, les antidépresseurs et les neuroleptiques atypiques et anti-psychotiques. Parmi les premiers, on retrouve le lithium ainsi que le dépakote, le dépamide, lamictal, le tégrétol (carbamazépine) et les antiépileptiques. Concernant les antidépresseurs, on citera les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine, (seroplex, seropram, fluoxetine, citalopram...). Enfin, dans la troisième classe, sont classés le zyprexa, le xeroquel, le risperdal ou encore l'abilify (olanzapine).

 

Il est très important de retenir que le traitement médicamenteux est difficile à mettre en place ; il s'agit d'une véritable alchimie, une cuisine pour laquelle des délais parfois importants s'écoulent avant de déboucher sur un mélange harmonieux, supporté par le patient et à des dosages efficaces qui le ménagent en terme d'effets secondaires.

 

Pour finir, il ne faut pas occulter la solution des sysmothérapies, lesquelles doivent être limitées aux cas les plus retords, lorsque les autres thérapies ont échoué. Mais les ECT actuellement pratiqués n'ont plus rien à voir avec ceux qui étaient pratiqués il y a dix ou quinze ans ! Les intensités sont notamment beaucoup plus faibles qu'à l'époque. Il reste que l'on rencontre aujourd'hui des résultats parfois stupéfiants.

 

La suite de la conférence s'est poursuivie par un échange de questions-réponses.



12/05/2014
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