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Suicide: comment aider ?

Suicide : comment aider ?

Interview de Pierre Satet, président et fondateur de l'association "Suicide écoute" (http://suicide.ecoute.free.fr/)

 

11 000 personnes se suicident chaque année en France, ce chiffre est effrayant...

Il est effrayant en effet, mais pourtant, le suicide reste un sujet dont on parle peu. Or, 160 000 personnes tentent chaque année de mettre fin à leurs jours. C'est donc un véritable problème de santé publique, qui touche toutes les tranches d'âge.

Le suicide représente en effet la deuxième cause de mortalité chez les jeunes entre 15 et 24 ans et la première chez les 25 - 34 ans. Un autre chiffre est malheureusement lui aussi en augmentation, celui des personnes âgées qui choisissent de mettre un terme à leur vie.

On constate ainsi que chez les femmes de plus de 65 ans, il y a un suicide abouti pour trois tentatives, alors que chez les jeunes filles de moins de 25 ans, il y a un décès pour 160 tentatives. Contre 1 pour 25 chez les jeunes garçons. Cette différence entre les générations peut s'expliquer par une volonté forte de mourir chez les personnes âgées, et pas seulement de lancer un appel au secours. Et le décalage entre filles et garçons vient en partie du souhait inconscient des filles de pas trop abîmer leur corps et de partir en douceur.

Comment peut-on prévenir ?

Il faut tout d'abord comprendre ce que signifie le suicide. Il n'équivaut pas à un désir de mort, mais à un désir profond de quitter une vie intolérable. Il est pensé comme LE moyen, à tort ou à raison, de modifier cette vie et de stopper la souffrance. L'entourage d'une personne suicidée constate d'ailleurs parfois qu'elle paraissait plus paisible, moins tourmentée, dans les jours précédant sa mort. Parce qu'en fait, elle avait pris sa décision, et d'une certaine manière, elle était en paix avec elle-même, pensant avoir enfin trouvé l'issue.

La crise suicidaire se déroule le plus souvent en trois étapes. La première est l'idéation : après la recherche et l'élimination de solutions, la personne en souffrance en vient à penser que la mort est le seul moyen de mettre un terme à cette situation. Démarre ensuite la seconde phase : la macération de l'idée qui s'impose de plus en plus jusqu'à en devenir dans certains cas, obsessionnelle. La période de cristallisation clôt le processus durant laquelle l'individu fixe ce que l'on nomme dans notre jargon le C.O.Q.: comment, où, quand. Et c'est le passage à l'acte.

Mais au cours de toute cette crise suicidaire, des signaux sont envoyés à l'entourage. Plus ou moins nombreux, plus ou moins lisibles. Certains évoquent la possibilité d'en finir. Et contrairement à une idée largement répandue, il est totalement faux de croire qu'une personne qui parle de suicider à peu de chance de réaliser son geste. En en parlant, elle exprime surtout sa souffrance et son désespoir. D'autres clignotants peuvent s'allumer : des changements de comportements, des troubles alimentaires, des problèmes récurrents de sommeil, des conduites addictives...

Mais il est toujours très difficile pour la famille de réagir. Elle est désemparée, parfois lasse quand la personne est dépressive depuis longtemps. Des proches choisissent aussi de ne pas voir, tant ils se sentent impuissants à aider l'autre. Ce sont des situations très douloureuses à vivre. Mais il faut essayer de maintenir à tout prix le contact, la communication. Entendre la souffrance de l'autre, la reconnaître est un très grand pas. Surtout, évitez de minimiser ou de moraliser.

Enfin, contrairement à une autre idée reçue, si l'un de vos proches menace de se suicider, parlez-en clairement. Cela ne l'incitera pas à finaliser son geste. Demandez-lui même s'il a déjà songé à la manière dont il entend le faire. Cela vous permettra de savoir où il en est. Et lui-même peut aussi prendre conscience de l'importance de son geste.

Pourquoi le suicide demeure-t-il un tabou ?

Dès l'an 348, l'Eglise dénonçait le suicide et 16 siècles de stigmatisation s'en sont suivis. Il était assimilé à un crime, un acte de folie (au sens propre du terme), un péché... Jusqu'en 1963 où le Vatican a enjoint ses ecclésiastes à faire preuve de plus de bienveillance. Mais ces siècles d’opprobre ont bien sûr laissé une profonde empreinte dans les mentalités. Souvenez-vous, quand Pierre Bérégovoy s'est donné la mort en 1993, bien des gens étaient surpris qu'il ait droit à des obsèques religieuses...

Cette stigmatisation du suicide, plus diffuse, existe toujours. C'est une mort auréolée de honte, de la faiblesse de ceux qui n'ont pas su se battre, qui n'ont pas eu le courage et ont préféré la lâcheté. On s'interroge sur la famille, sur les proches qui ont certainement failli.

Or, pour l'entourage, le deuil après un suicide est l'un des plus terribles qui soient. A la douleur se mêle une immense culpabilité. Même s'ils ont "vu" avant, ils auront toujours le sentiment de ne pas avoir fait assez. Le suicide est un acte d'autant plus terrible qu'il implique tout le monde, à des degrés divers : la famille bien sûr, mais aussi les amis, le voisinage, les collègues... Et le sentiment de culpabilité est si lourd à porter que l'on cherche des "coupables" pour l'alléger.

Mais même s'il y a eu des signes annonciateurs, et il y en a dans les trois-quarts des suicides, il faut accepter que les raisons d'un tel geste appartiennent au plus intime de la personne qui l'a perpétré.

In psychologie.com



27/04/2008
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